« Accueillir la Bonne Nouvelle dans un cœur humble et profond », homélie du 11 Juillet

(Textes du jour)

Lorsque le Roi du ciel a voulu visiter la terre pour y faire briller sa lumière, il n’a pas choisi le faste et la richesse, la domination et la superbe ; mais il a choisi un style simple et humble. Pour porter son message au peuple d’Israël, le Fils de Dieu établit le groupe des Douze et les envoya sans pain, sans sac, sans argent.

Ce simple fait nous donne à sentir l’intention divine : le Seigneur veut être accueilli librement, par des personnes au cœur humble, doux, ouvert, profond.

En envoyant ses apôtres, il leur annonce que tous ne seront pas attentifs à leur visite, et que les maisons qui les accueilleront seront rares : « quand vous aurez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y… » La plupart des cœurs ne sont pas humbles et ouverts, mais durs et orgueilleux. De sorte que les apôtres partent en proclamant « qu’il faut se convertir ». Cet appel à la conversion a une grande importance pour saint Marc. On la trouve à trois moments clés de son évangile : le baptême de Jean est un baptême de conversion ; les premières paroles publiques du Christ Jésus sont « convertissez-vous ». Et on le retrouve ici, lors de la première mission des Douze, qui prolonge celle du Fils de Dieu. Il faut se convertir pour recevoir chez soi la Bonne Nouvelle.

Quand on parle de conversion, on pense d’abord à la première conversion, radicale, par laquelle une personne donne sa foi au Christ et reçoit le baptême. Mais imaginer qu’on pourrait se convertir d’un seul mouvement, parfaitement et définitivement, est illusoire. Saint Ambroise a parlé de deux conversions dans l’église : l’eau (la conversion du baptême) et les larmes (celle du repentir). La deuxième concerne toute notre vie. Se convertir, c’est changer d’esprit, se désintéresser des choses superficielles, des apparences de richesse et de bonheur pour se tourner vers la source de tous les biens véritables. C’est quitter l’esprit du monde pour voir les choses avec le regard de Dieu.

Saint Paul écrit aux chrétiens de Rome :« Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. »

Le monde est un fleuve qui charrie toutes sortes d’idées non évangéliques :

  • Par exemple, on y trouve aujourd’hui une grande permissivité. Sous couvert de « tolérance», on accepte des injustices criantes qui s’opposent à la loi de Dieu. Contrairement à ce qu’on entend parfois, la tolérance n’est pas une valeur chrétienne. Dieu bénit les cœurs tendres, pas les cœurs mous.
  • Ou encore, le monde proclame que la culpabilité est mauvaise, et encourage à excuser les péchés : « il est jeune», « il était fatigué… », « il a eu une enfance difficile… ». Mais sans culpabilité, pas de repentir, pas de larmes, pas de conversion.
  • Et paradoxalement, ce même monde parle également de « tolérance zéro» pour certaines personnes, certains actes. Ce principe n’est pas celui du Christ, il est celui d’un cœur dur. Le cœur des chrétiens ne doit pas être dur, mais ferme.

Nous pouvons et nous devons employer les ressources de notre intelligence pour discerner les principes vicieux du monde. La lecture quotidienne des Écritures Saintes nous y aide beaucoup, car elle nous imprègne progressivement de la saveur des pensées de Dieu. Mais évitons toute présomption : nous n’avons pas la sagesse de Salomon, et sans doute sommes-nous aveugles à la plupart des mensonges et des leurres de notre monde.

Ce qui nous revient est surtout de demander à Dieu, comme David : « Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, Renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit » Oui, la conversion du cœur est un don de Dieu, que nous devons mendier dans notre prière. Demandons au Seigneur de gloire ce don des larmes, pour reconnaître humblement nos péchés, les regretter sincèrement, et que notre cœur soit transformé. Alors nous pourrons accueillir la bonne nouvelle du salut et recevoir le roi de gloire qui vient à nous pauvrement sous la forme du pain et du vin.

Abbé Louis Fabre +