Les lectures que nous avons entendues mettent sous nos yeux un contraste effrayant. Un jour, résonne la clameur : « Hosanna ! » ; et le jour d’après, « Crucifie-le ! ». Un jour, habitants et pèlerins de Jérusalem accueillent Jésus à l’entrée de la ville sainte : ils ont reconnu en lui le fils glorieux annoncé à David, celui dont le règne n’aura pas de fin. Le jour d’après, Judas a livré son maître, les grands prêtres le condamnent à mort dans un faux procès, et le gouverneur Pilate exécute la sentence sous la pression de la foule.
Où est donc passée la multitude du jour des Rameaux ? Certains se sont tus par peur des grands prêtres, d’autres sont retournés à leur quotidien dans une complète indifférence. Peut-être certains ont-ils même réclamé la mort de leur roi innocent. C’est la triste et cruelle inconstance des foules.
Frères et sœurs, ces gens sont pour nous un avertissement. Nous sommes la foule du jour des rameaux. Nous avons chanté « Hosanna ! », et nous répéterons ensemble l’acclamation « Saint, saint, saint, le Seigneur de l’Univers ! Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ! » Et après ? Chacun de nous va devoir se déterminer, personnellement, dans le secret de son cœur : Indifférence ou amour ? Peur ou audace ? Inconstance ou fidélité ? Le choix de s’attacher au Christ ne sera pas une opinion intellectuelle, mais il engagera toute notre vie : « Celui qui veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. » Voilà ce qu’on appelle un fidèle du Christ. Sa loi n’est plus sa propre volonté changeante, mais la loi de Dieu, sûre et immuable. Trois pistes pour mettre en pratique, que je ne vais pas développer : fidélité au Christ dans ses rites, fidélité au Christ dans le cœur (douceur, obéissance et humilité), fidélité au Christ dans nos frères.
La semaine sainte qui commence aujourd’hui célèbre l’accomplissement de l’œuvre du Christ. Au lieu des écrans et des divertissements, je vous invite à placer sous vos yeux, l’image lumineuse de notre sauveur. Que par sa puissance, Jésus-Christ, « Fidèle et Vrai », imprime en nous sa propre fidélité. Pour notre amour, il accepte de souffrir toutes les injustices, les mépris, les humiliations, les trahisons, les supplices et la mort.
Le père Jérôme a dit : « il n’est pas difficile de dire « je t’aime ». La difficulté commence quand on dit « pour toujours » et surtout quand il s’agit de le réaliser, car toujours dure longtemps ! »
Abbé Louis Fabre