Christ Roi

Le Christ, roi de l’univers (Homélie de dimanche 26 Novembre 2023)

Le 6 mai dernier, dans l’abbaye de Westminster, avait lieu le couronnement du roi Charles III. Une cérémonie qui n’avait pas eu lieu depuis 1953 date à laquelle la télévision n’était encore qu’un luxe. En 2023, très nombreux ont été ceux qui ont pu suivre ce grand moment émouvant de l’histoire qui a dépassé les frontières du Royaume-Uni. Aujourd’hui, en ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous célébrons le Christ, Roi de l’univers, dont le couronnement a eu lieu à Jérusalem, cloué sur une croix, devant une foule hostile. Il n’y a certes aucune comparaison avec Charles III ou tout autre souverain ou chef d’État. La royauté de Jésus est unique, elle est aussi d’un autre genre ; elle est encore le parfait exemple d’un règne : « Règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix » comme le chante la Préface de cette solennité (cf. Préface du Christ-Roi).

 

Chers frères et sœurs, terminer l’année liturgique en célébrant le Christ, Roi de l’univers, est loin d’être une simple dévotion ou une fête religieuse parmi d’autres. Cette fête nous rappelle que c’est Lui, Jésus le Christ, le seul Roi de la terre ; c’est ce roi-là qui nous accompagne dans la grâce et le bonheur tous les jours de notre vie (cf. Ps 22, 6), qui nous a acquis le salut de Dieu, et qui viendra nous chercher à la fin des temps. « Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis », dit saint Paul (cf. 1 Co 15, 25). C’est lui qui nous attend pour nous dire, comme dans la parabole de dimanche dernier : « Très bien, serviteur bon et fidèle… ; entre dans la joie de ton Seigneur » (cf. Mt 25, 21.23). C’est vraiment ce que Jésus nous invite à être : de bons et fidèles serviteurs à son image. Autrement dit, notre baptême a fait de nous les sujets d’un Roi qui est un modèle de vie pour nous afin de montrer le visage de Dieu. Le désir du Christ est que la manière dont on vit au ciel soit adoptée sur la terre. Pour en bénéficier et en faire bénéficier ceux qui ne connaissent pas cette manière de vivre, ou encore la faire reconnaître à ceux qui la vivent sans le savoir.

 

Parmi les grandes paraboles sur la fin des temps que nous avons méditées depuis la Toussaint, la plus grandiose est, sans aucun doute, la parabole dite du Jugement Dernier. Magnifique fresque de Michel-Ange que nous admirons dans la chapelle Sixtine, à Rome. Ce n’est pas anodin que cette page d’Évangile soit peinte dans la chapelle où, depuis des siècles, on élit le souverain pontife, le pape. Celui qui, placé par Jésus comme berger de son Église, est le signe du Bon Pasteur qui gouverne son troupeau et incite chacune des brebis à vivre selon l’Évangile du Christ. Une mission délicate et difficile. D’ailleurs, ce mois-ci, le pape François nous demande de prier pour lui « afin que, dans lexercice de sa mission, il continue à accompagner dans la foi le troupeau qui lui est confié, avec laide de lEsprit Saint » (cf. Intention pour novembre 2023). Dieu sait que toute les brebis du troupeau ne vivent pas selon l’Évangile ; un troupeau qui, pour Dieu le Père, ne se limite pas, à l’Église de son Fils, mais à toute créature humaine vivant sur la terre. L’Église du Christ, par ses membres que sont les chrétiens, et sous la houlette du pape François, est le signe et le moyen offert du salut de Dieu. Si je veux être placé à la droite du Roi de l’univers, avec les brebis  dans le Royaume des cieux, je sais ce qu’il me reste à faire. Personne ne peut affirmer qu’il ne sait pas sous peine d’être placé à la gauche du Roi, avec les boucs.

 

 

 

 

En prenant chaque pays, l’un après l’autre – et ils sont nombreux dans le monde -, chacun a, à sa tête, un chef chargé de conduire sa nation. Qu’il soit élu, désigné ou héritier, un chef d’état se doit d’être un modèle pour son peuple. Or, nous constatons qu’il n’y a aucun pays parfait. Même s’il y a des responsables plus intègres et bienveillants que d’autres, la corruption, sous une forme ou sous une autre, a conquis tous les royaumes de la terre. Chaque pays a son lot d’affamés et d’assoiffés, de malades et de prisonniers, d’étrangers et de pauvres. Est-ce le monde que Dieu a créé ? Est-ce l’humanité que Dieu a voulue ? Lui qui a dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance » (cf. Gn 1, 26) ? Cette dissemblance voulue et créée par l’homme à l’image et selon la ressemblance du diable pour s’éloigner de la vie éternelle, Dieu, en Jésus son Fils, et dans la puissance de l’Esprit Saint, l’a détruite sur la Croix. Et pour rejeter ce que Jésus appelle dans la parabole le « châtiment éternel », il nous demande de faire ces choses extrêmement simples, dont les chefs des nations doivent être les garants : nourrir les affamés, abreuver les assoiffés, habiller les pauvres, accueillir les étrangers, visiter les malades, réconforter les prisonniers. Cela se passe de grands commentaires, chers frères et sœurs. « Et, quand Dieu aura tout mis sous le pouvoir du Fils, lui-même se mettra alors sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous » dit saint Paul (cf. 1 Co 15, 28).

 

Frères et sœurs, nous avons cette joie de savoir que tout geste, toute attitude, toute parole d’amour donnés aux plus petits sont donnés à Jésus Christ, lui-même, le Roi de l’univers. C’est le chemin de bonheur que nous montre cette parabole qui est un déploiement des Béatitudes entendues pour la fête de la Toussaint. Aujourd’hui, nous attendons la Venue de Jésus dans la gloire. « Viens, Seigneur Jésus ! » La bible se termine ainsi (cf. Ap 22, 20). Attendons la venue de Jésus en répandant son règne d’amour sur le monde malade ! Nous avons le remède pour guérir ce monde et il rechigne souvent comme un enfant devant une bouteille de sirop infect que sa mère veut lui forcer à prendre. Or, notre remède est bon, délicieux, inégalé : c’est le seul remède qui conduit à la Vie éternelle. Amen. Maranatha !

Abbé Jean-Paul Filippi, Curé