Méditation du deuxième dimanche de Pâques

Aujourd’hui c’est le 2ème dimanche de Pâques, nous achevons l’Octave de ce temps liturgique. Pendant huit jours nous avons contemplé le même mystère Pascal dans sa  profondeur, sous la lumière de l’Esprit Saint.

Chers frères et sœurs, comme vous le savez, dans l’histoire de notre liturgie chrétienne, le deuxième dimanche de Pâques a reçu plusieurs dénominations. Par décision du Pape Jean-Paul II, en 2000, ce dimanche s’appelle « Dimanche de la Divine Miséricorde », mettant en rapport une révélation profondément privée de la Sœur Faustine, religieuse polonaise.

Bien avant, ce dimanche s’appelait « Dimanche in albis » tout simplement parce que tous ceux qui avaient reçu le sacrement de baptême la nuit de Pâques revenaient huit jours après, c’est-à-dire à la fin de l’Octave déposer leur vêtement blanc. Enfin, ce dimanche fut aussi désigné comme le « Dimanche de Thomas  », par le fait que, après la résurrection, Jésus apparait à cet apôtre. Ce dimanche veut juste souligner que l’attitude de l’Apôtre incrédule mais profondément croyant doit être aussi la nôtre.

Ma méditation de ce dimanche, chers frères et sœurs en Christ, a une couleur particulière. J’aurais voulu comme Thomas aujourd’hui vous voir. Aussi, le fait d’être confinés dans nos maisons depuis plus d’un mois, change forcement notre façon d’entendre les textes que nous propose la liturgie de ce dimanche. Il est autant plus vrai que les textes que l’Eglise nous propose nous parlent et nous touchent toujours en fonction de l’époque, des moments, des circonstances où nous les écoutons. Laissons résonner dans nos cœurs en ce jour ces textes dans le contexte actuel du confinement.

 Les lectures de ce jour sont précisément des témoignages de la miséricorde de Dieu, de Jésus ressuscité. La miséricorde de Dieu est cette manifestation de l’amour de Dieu dans une histoire de l’homme tachée par l’égoïsme, l’orgueil, notre super-moi, bref par le péché. Dieu met notre condition misérable due au péché dans son cœur de Père qui reste fidèle à son dessein. Par la foi et notre conversion nous accueillons ce trésor de la miséricorde divine.

Nous le voyons dans les premiers mots que Jésus adresse à ses apôtres. Il aurait pu leur reprocher de l’avoir renié et abandonné. Au lieu de cela, c’est un message de paix qu’il leur adresse : « La Paix soit avec vous ! » (Shalom en Hébreu). Cette paix ce n’est pas seulement l’absence de conflit. C’est la paix intérieure, le pardon, la joie retrouvée. Jésus ressuscité est source de paix. Par sa victoire sur la mort et le péché, il réconcilie tous les hommes avec Dieu. Les forces hostiles à Dieu ont été vaincues ; il fait triompher la paix.   

 La première lecture nous fait la description de la première communauté chrétienne qui a bénéficié de cette miséricorde de Jésus et qui en témoigne. « Ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun ». On faisait leur éloge pour ce qui s’y passait.

Ceci me fait penser à ces milliers de personnes qui inventent dans le contexte d’aujourd’hui de nouveaux gestes de solidarité pour faire face ensemble à cette pandémie, pour soutenir ceux qui sont en première ligne, et qui soignent les malades sans relâche. Nous pouvons nous aussi, en tant que chrétiens à la lumière de ce beau témoignage, de ce bel exemple dire comme dans ce texte des actes des apôtres que « grâce aux nombreux signes et prodiges accomplis par certains, il y a une véritable communion fraternelle ».

En cette première communauté, c’est Dieu qui accomplissait des merveilles. Des hommes et femmes de plus en plus nombreux adhéraient à la foi. La foi n’est pas quelque chose de déjà acquis. La foi est une rencontre avec la personne de Jésus ressuscité. Nos communautés, nos églises ne pourront jamais être mature sans la foi, ni sans le témoignage d’une sincère et cohérente vie fraternelle. Les divisions, les violences, les rancunes, les médisances, les calomnies disons-le sont un contre-témoignage. Elles font obstacle à l’annonce de l’Evangile. A l’exemple donc des premiers chrétiens, nous sommes tous missionnaires, envoyés pour annoncer le salut en Jésus Christ. Mais soyons bien sûrs que le grand travail de conversion c’est le Seigneur lui-même qui l’accomplit en chacun de nous.

A l’exemple de la première lecture, l’Apôtre saint Pierre exhorte, dans sa première épître dont l’extrait nous est donné aujourd’hui dans la deuxième lecture, les chrétiens se trouvant étrangers dans la dispersion. L’Apôtre Pierre a un objectif précis, celui de fortifier, d’encourager les communautés dont la foi risquait de se relâcher et dont le courage était mis à l’épreuve par de multiples problèmes, persécutions et tribulations. C’est donc un appel, une invitation de la part de l’Apôtre Pierre à une vivante et profonde espérance pour vivre le temps de persécution et de souffrance. Cet appel ou cette invitation à l’encouragement est bien évidemment d’actualité pour nous tous, dans cette période si difficile due à la pandémie du Coronavirus.

L’espérance dont nous parle l’Apôtre Pierre dans ce texte n’est pas un simple un espoir ( nous espérons ! ) ou un souhait pour que la situation aille mieux. Elle est loin d’être le résultat l’imagination ou de nos efforts personnels pour tenir bon cette période de confinement. Cette espérance disons-le est le don gratuit que Dieu donne par la résurrection de son propre Fils à son Église, c’est-à-dire à chacun de nous aussi particulièrement. L’Apôtre Pierre à la fin nous conseille avant tout, de vivre avec joie et confiance au milieu des épreuves : « aussi vous exultez de joie, même s’il faut que vous soyez affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves » (1, 6).

A côté de cette espérance dont nous parle saint Pierre, l’Evangile nous invite à croire. C’est à cela que Jésus invite Thomas. Les disciples sont confinés eux aussi, non par peur d’un virus, mais des juifs qui voulaient les faire arrêter car ils étaient accusés de vouloir dévoyer la religion juive. C’est dans ces peurs que Jésus vient s’infiltrer : « Jésus vint et il était là au milieu d’eux ». Thomas avait raté le précédent rendez-vous, il n’était pas là. Et lorsque les disciples lui racontent leur rencontre avec le Christ Ressuscité, Thomas demande des preuves, il a besoin de voir que la résurrection est concrète, tangible, réelle. Ce n’est pas pour rien que son nom est signifié comme un jumeau. Il nous ressemble un peu.

Combien d’hommes ou de femmes ne sont-ils pas dans la situation de Thomas ? Nous cherchons des signes, des preuves pour ne pas apparaître comme des naïfs, mais nous passons à côté des signes et des témoignages vrais de la présence de Dieu dans nos vies. Alors Jésus lui montre comme signes, les cicatrices de ses mains et de son coté, qui sont la preuve visible qu’on peut traverser des moments extrêmement difficiles, voire même la mort et en sortir vivant.

Nous voyons en fin de compte, Thomas se mettre à genoux devant Jésus. Il est allé plus loin que les autres dans son acte de foi. Les apôtres avaient reconnu en Jésus l’ami d’autrefois. Mais Thomas fait un pas de plus car il est le premier à dire « Mon Seigneur et mon Dieu ». Comme lui, nous sommes invités à croire en accueillant la présence de Jésus ressuscité et en recevant sa parole. Quand nous rentrons à l’église pour l’Eucharistie c’est lui qui nous accueille. Comme Thomas, nous pouvons nous tourner vers lui et lui dire « Mon Seigneur et mon Dieu ». Heureux sommes-nous si nous croyons sans voir. C’est à cette condition que nous deviendrons témoins de sa miséricorde.

Oui heureux es-tu Thomas dit Jésus d’avoir cru parce que tu as vu cela, mais plus heureux encore seront ceux qui croiront sans avoir vu, ceux qui croiront au cœur même de l’épreuve que celle-ci n’est pas une fin en soi, mais un passage vers une vie meilleure ! Voilà à quoi sert la foi : elle permet d’espérer ce qui n’est pas encore visible parce que nous nous appuyons sur la promesse de Dieu de nous conduire vers son Royaume.

Chers frères et sœurs, paroissiennes et paroissiens du Bon Pasteur, maintenant nous ne pouvons célébrer ensemble ce premier jour de la semaine. Mais nous pouvons dans nos familles, dans nos communautés ou ceux qui sont seuls, le vivre autrement. Nous pouvons le vivre dans l’espérance, dans la confiance, dans la joie comme la première communauté chrétienne.

En ce temps d’épreuve, de tristesse, où le doute, la peur et l’angoisse semblent prendre le dessus unissons-nous d’autant plus fort dans la prière et l’espérance. Prions ensemble afin que la résurrection du Christ nous donne la paix, la confiance et l’espérance.

 

Abbé Jean-Bruno MAOUANGO, vicaire