Nous célébrons ce dimanche 15 novembre, la 4ème Journée Mondiale des Pauvres telle qu’instituée par le pape François avec pour thème «Tends ta main au pauvre» (Si 7, 32), tiré du livre de Siracide. C’est une invitation pour nous toutes et tous à tendre la main à notre tour, pour donner, pour exercer la vraie générosité. Chacun de nous peut se demander ce qu’il faut faire pour souligner cette journée? Un don en argent, en nature ou en temps… envers une personne ou un groupe de notre entourage? Cette journée tombe juste nous dit le Saint Père, car elle sera la meilleure manière de se préparer pour vivre la solennité de Notre Seigneur Jésus Christ, Roi de l’Univers, qui s’est identifié aux petits et aux pauvres, aux humbles et qui nous jugera sur les œuvres de miséricorde.
Chères frères et sœurs, nous approchons de la fin de l’année liturgique. Les textes de la liturgie de ce 33ème dimanche nous donner l’occasion de se tourner vers la fin des temps. Cette fin des temps qui est ce grand passage vers le monde nouveau que le Christ appelle le Royaume de Dieu.
La première lecture doit être lue en parallèle avec l’Évangile. Nous comprenons bien que la SAGESSE de Dieu comme le Soulignait le curé le dimanche dernière c’est la personne du Christ qui vient à notre rencontre. Le Seigneur comble de bien tous ceux qui le cherchent. Il illumine notre vie et nous montre le chemin. Le Christ nous rend capables de l’accueillir lorsqu’il se présente dans notre vie et à nous aussi, de nous rendre disponible pour accueillir les plus faibles, le pauvre qui sont à nos côtés. Il se présente chaque jour et nous sommes invités à l’accueillir avec amour et prévenance.
L’apôtre Paul s’adressant à des chrétiens de Thessalonique qui vivent dans l’attente fiévreuse du retour du Christ, demande alors de rester éveillés dans l’espérance du Royaume, mais surtout d’être attentifs aux signes de sa présence et de lui donner la première place dans nos vies.
Je voudrais m’arrêter plus sur l’Évangile que nous venons d’écouter: la parabole des talents. Cette parabole, nous la connaissons bien. Mais il y a une chose que nous oublions souvent : Il ne s’agit pas d’un talent au sens de compétence, de grandeur, ou de capacité ; ce talent dont il est question, c’est une unité de monnaie qui pèse trente kg. C’est l’équivalent du salaire de six mille jours de travail. La somme remise à chacun est donc énorme.
Cette parabole, je peux la comparer à l’histoire humaine, une histoire marquée par ‘’le temps de l’absence’’. Ici c’est l’absence du Maître, mais aujourd’hui, c’est la normalité et de la liberté qui nous manque. Cette humanité est mise à l’épreuve, comme ces serviteurs à qui le Maître a confié de grosses responsabilités. Notre vie se déroule aussi comme si Dieu était absent laissant aux hommes toute initiative. Imaginons quelle confiance Dieu nous fait, quel respect de notre liberté, quels risques Il accepte de prendre. Cela s’appelle la confiance faite par le Maître à ses serviteurs que nous sommes. ‘’Il leur confie ses biens’’ qui sont sa parole, ses sacrements, des frères à aimer, bref.
Il s’agit donc de gérer des biens qui ne nous appartiennent pas, mais surtout de vivre une franche collaboration et une coopération active avec Dieu pour construire le Royaume.
La parabole souligne surtout la conduite ‘’insensé’’ du dernier serviteur qui par crainte de son Maître, avec la peur au ventre, va enfouir son talent dans la terre. Voilà pour Jésus le pire des péchés: dénaturer l’image de Dieu, le considérer comme un tyran et dangereux. Notre relation avec Dieu est faussée quand on se méfie de Lui. Lisez le récit symbolique de la grande tentation, d’Adam et Eve ‘’ j’ai eu peur de toi, alors je me suis caché’’. L’attitude du serviteur qui n’a reçu qu’un talent, lui aussi ‘‘selon ses capacités’’ est donc l’image de chacun de nous. Nous nous fabriquons parfois une idée détestable de Dieu, du Maitre. Celui là qui est : exigeant, dur et sans appel, un maître qui va revenir demander des comptes. Cette idée pollue notre pensée, notre cœur.
‘’J’ai eu peur’’ voilà bien le drame de ce ‘’mauvais serviteur’’. C’est notre drame en cette triste période. La peur maintenant nous paralyse. Combien de gens et nous-mêmes parfois, nourrissent la crainte, des peurs, des angoisses qui les empêchent à bien vivre. Aujourd’hui, nous avons peur des cambrioleurs, des accidents, des terroristes, des maladies, des étrangers. Ce tableau peut paraitre sombre comme la colère du Maître de notre parabole ‘’serviteur mauvais et paresseux, jetez ce bon à rien dehors’’. La foi chrétienne, c’est l’amour qui libère de la peur. Enfouir son talent c’est, c’est éviter tout risque, mais être disciples de Jésus c’est faire fructifier le Royaume confié. Celui qui garde ce qu’il a reçu, le rend stérile, inutile, et il a déjà out perdu dit le Christ.
La parabole invite davantage ou insiste sur le compte-rendu de l’usage que les serviteurs ont fait de leurs dons, plutôt qu’à un règlement de comptes ! D’ailleurs, si nous lisons cet Evangile, il dit : “ Celui qui a reçu cinq talents s’approche en apportant cinq autres, disant : ‘‘Maître, tu m’as remis cinq talents : Vois ! Cinq autres j’ai gagnés !’ – Très bien serviteur bon et fidèle… ”. Faisons attention à la lecture. Le serviteur ne présente pas dix talents, mais les cinq qu’il a gagnés, son œuvre à lui, preuve qu’il a bien compris que son maître lui avait donné les cinq premiers talents. Quant au maître, il se rend compte qu’il a bien placé sa confiance dans ces deux serviteurs. Il peut alors consacrer ces serviteurs, non plus dans ce qu’ils ont ‘‘en plus’’ mais dans ce ‘’qu’ils sont devenus, semblables à leur maître’’, capables de créer, de faire fructifier.
La raison de la parabole de ce dimanche ,est de nous faire comprendre que Dieu compte sur nous et il nous fait confiance. Il nous invite ainsi tous à être des semeurs de paix, de joie et d’amour, de charité. Demandons aujourd’hui, la grâce d’être des serviteurs bons et fidèles pour mieux faire fructifier nos talents. Amen.
Abbé Jean-Bruno MAOUANGO, vicaire