Méditation pour le septième dimanche de Pâques (24 Mai)

Nous avons fêté jeudi dernier l’Ascension de Jésus. C’était sa dernière apparition à ses disciples. Il disparaît à leur regard. Désormais, c’est le temps de l’Eglise qui commence. En effet, les disciples qui ont suivi Jésus pendant trois ans sont appelés à devenir des apôtres. Ils seront donc envoyés dans le monde entier pour être les messagers de la bonne nouvelle du Salut. Nous sommes bénéficiaires de leur témoignage; nous avons à transmettre donc le flambeau autour de nous. Le Seigneur Jésus compte sur nous, dans nos familles, nos communautés, nos quartiers, nos milieux de travail. Rien ne doit arrêter la Parole de Dieu.

Entre l’Ascension et la Pentecôte, ce dimanche risque de passer inaperçu pour beaucoup de gens, pour ne fixer leur attention qu’à la grande fête de la Pentecôte. Ce 7ème dimanche a une bonne nouvelle de la plus haute importance à nous transmettre. Etre en totale communion avec Dieu, Père, puis comme les apôtres toujours en prière, nous sommes tous appelés et envoyés dans le monde, chacun à sa place, pour être les signes vivants de l’amour de Dieu dans notre vie.

En ce dimanche, de façons particulière, nous sommes invités à faire de la prière, notre première et dernière recette du jour. Les textes nous invitent à la prière. C’est en effet, la seule attitude qui convient à des disciples qui attendent la venue de l’Esprit Saint. L’Évangile nous montre Jésus lui-même qui va prier pour nous. Nous nous tournons vers lui en ouvrant nos mains et nos cœurs. Le but de la prière c’est de nous mettre en état de réceptivité au don que Dieu veut nous faire.

Les textes bibliques de ce jour nous parlent de l’Église en train de naître. C’est une Église en prière. Il y a là les apôtres, les femmes qui ont accompagné Jésus durant son ministère et des proches de sa famille. Pour eux, c’est important car une grande mission les attend.

La petite communauté de Jérusalem qui attend la venue de l’Esprit Saint de Dieu nous apparait ici bien loin de celles dans lesquelles nous vivons. D’abord les conditions ne sont pas les mêmes. Cette communauté est encore proche de Jésus, apôtres ou disciples qui sont là autour de Marie. La description que nous donne le livre des Actes des Apôtres dans la première lecture, n’est peut-être pas celle qui est vécue dans nos communautés paroissiales, ecclésiales ou dans nos fraternités

Luc nous dit qu’aussitôt, ils se retirèrent dans la chambre haute, à l’étage de la maison où Jésus a célèbre son dernier repas, avec quelques femmes, dont Marie, mère de Jésus, et avec ses frères. Et, que font-ils ? : « D’un seul cœur, ils participent fidèlement à la prière ».  L’expérience de leurs faiblesses et même de leur lâcheté, au moment de l’arrestation et de la passion de Jésus les pousse à se mettre, en humilité, à la disposition de l’Esprit Saint. Une communauté qui est bien diverse à la notre, car nos rassemblements du dimanche connaissent parfois des arrivées tardives, des participations quelques fois irrégulières, des fidèles quelques éloignés les uns des autres. Cette communauté dont nous parle Luc ne prie donc pas pour obtenir que Jésus se fasse proche. Sa présence leur est déjà acquise, ils prient pour se replonger dans sa présence. C’est une formidable leçon d’espoir, de confiance. Jésus est avec nous tous les jours, sa présence nous est acquise, à nous aussi, et la puissance de l’Esprit Saint nous accompagne. Voilà de quoi nous donner toutes les audaces. Le Christ est invisible mais il n’et pas pour autant absent. Il a prié avant de choisir les siens, ils prient eux-mêmes à leur tour pour lui être fidèles et recevoir l’Esprit-Saint.

Dans le texte de l’Évangile de ce dimanche, nous voyons Jésus qui est en prière. L’Evangéliste nous fait entrer dans la grande prière sacerdotale de Jésus au moment où il va rejoindre son Père. C’est l’heure de Jésus. C’est l’heure du grand passage. «Père l’heure est venue »  dit Jésus. De cette heure qu’il a parlé plusieurs fois. C’est l’heure décisive, centrale de toute l’histoire de l’humanité, c’est l’heure de l’accomplissement de son dessein. Cela peut être aussi notre heure, l’heure à la responsabilité qui nous attend demain avec la reprise de nos cultes et autres paroissiales.  Après cette heure, plus rien, jamais ne sera plus comme avant.

Tout commence par ces paroles : « Père, glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. » Cette parole risque parfois d’être mal comprise. Dans notre monde, la gloire, c’est la renommée. Beaucoup sont prêts à tout pour se mettre en valeur et obtenir des distinctions honorifiques. Dans la bible, c’est tout autre chose : la gloire c’est la valeur réelle de la personne, c’est son poids. Saint Paul nous le dit à sa manière : « Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. »

Cette grande prière dite sacerdotale de Jésus nous fait comprendre sa totale communion et unité avec son Père. Ils sont liés l’un à l’autre par une communion éternelle. Les récits des évangiles nous disent que Jésus passait parfois des nuits entières à prier, à dialoguer avec son Père. Cette union dépasse tout ce que nous pouvons vivre à notre niveau. Elle nous montre donc l’intensité de la prière de Jésus et nous en sommes éblouis.

La chose la plus merveilleuse dans ce texte, est que le Christ veut nous associer tous à cette prière. Il reconnaît la foi de ses disciples qui l’ont accueilli comme l’Envoyé du Père et qui ont su garder ses paroles. Il intercède en leur faveur car ils vont « demeurer » dans le monde. Ils y auront la tâche de prolonger sa mission et son œuvre. Voilà ce message qui est rappelé à une Église qui est entrain de naître avec la Pentecôte. A nos communautés qui renaîtront, et recommenceront leur marche après cette dure épreuve de la pandémie. C’est donc une Église qui soufferte. Nous y trouvons nous aussi, des chrétiens, des fidèles, comme le dit Saint Pierre dans la 2ème lecture qui auront besoin de la conversion, du courage face aux multiples épreuves ou souffrances de l’isolement, de l’incompréhensions, de la calomnie.

L’apôtre Pierre (2ème lecture)  rappelle à ses chrétiens et à nous aujourd’hui, que ces épreuves nous conduisent vers la gloire. Ils doivent se réjouir car « L’Esprit de gloire, l’Esprit de Jésus » repose sur eux. Les disciples du Ressuscité suivent son chemin. Ce chemin passe par la souffrance mais il conduit à la joie.

 En ce dimanche, ensemble avec la Vierge Marie et avec toute l’Église, nous nous tournons vers le Christ. Nous nous préparons à recevoir le notre Défenseur, notre Consolateur, la plénitude de l’Esprit Saint. Nous pouvons lui demander de nous transformer ( après ces pénibles mois de confinement, d’angoisse, de solitude, de tristesse, de deuil ) en communauté de prière vraiment fervente. C’est auprès de lui que nous puiserons la force et le courage dont nous avons besoin pour surmonter les épreuves. Et que Marie, la Mère de Dieu nous apprenne à vivre « pour la gloire de Dieu et le Salut du monde ». Amen.

Abbé Jean-Bruno MAOUANGO, vicaire