Méditation pour le sixième dimanche de Pâques (17 Mai)

La liturgie de ce dimanche semble déjà orienter tous nos regards vers la grande fête de la Pentecôte. Voilà pourquoi les trois lectures que nous venons d’entendre nous invite tous à la confiance aux promesses de Dieu, mais en même temps, elles semblent bien nous présenter la présence et l’œuvre de l’Esprit Saint dans la communauté des croyants.

Le livre des Actes des apôtres, que nous venons de lire comme la première lecture, nous rapporte l’évangélisation des Samaritains par Philippe, puis par Pierre et Jean qui lui viennent en aide. La Bonne Nouvelle se répand de plus en plus. Des païens se convertissent, grâce à l’œuvre de l’Esprit saint à Jésus Christ. Nous comprenons bien que cette mission des apôtres  ne s’est pas passé sans difficultés ou persécution.

Je ne voudrais pas ici vous relater l’histoire conflictuelle entre Jérusalem et Samarie, il n’est que plus étonnant et admirable qu’un disciple du Ressuscité se soit aventuré en terre hérétique et schismatique. Mais la choses admirable, notons le bien que c’est l’un des Sept, Philippe, qui ose ainsi franchir la frontière. Les apôtres, nous dit le texte, « sont restés à Jérusalem », et ne sont pas les premiers à parcourir les routes hors de la ville.  Souvenons-nous ,le ministère de Philippe était à l’origine consacré au service des veuves (cf. Ac 6) pour permettre aux apôtres de se consacrer à l’annonce de la Parole.

Or par un curieux renversement plein d’enseignements, c’est Philippe qui est le premier à évangéliser la Samarie, et non les Douze. Comme pour nous faire comprendre qu’on ne peut pas enfermer un ministère dans une fiche de poste, toujours trop étroite dès que l’Esprit Saint est de la partie… Avec bonheur, les apôtres ne sont pas jaloux en entendant parler du succès de Philippe en Samarie. Là aussi malgré la mort du diacre Étienne, la parole de Dieu continue à avancer. Comme pour vous dire Frères et sœurs que rien,  ni personne, aucune œuvre humaine ne peut arrêter la progression de la parole de Dieu. les samaritains ont reçu le baptême « au nom du Seigneur Jésus »

Dans la seconde lecture, nous voyons l’Apôtre Pierre qui s’adresse à des chrétiens qui se heurtent, comme nous aujourd’hui, à la calomnie et à la persécution des adversaires. L’apôtre leur indique la ligne de conduite à tenir. Ils ne doivent jamais renoncer à témoigner de leur foi. Mais ils doivent réagir avec douceur contre les attaques en respectant leurs ennemis. Il faut savoir que sa lettre a été écrite pour des chrétiens menacés par une persécution violente. Il leur demande de ne pas craindre de rendre compte de l’espérance qui les anime. Au moment où il écrit sa lettre, certains chrétiens ont renié leur foi car ils ont eu peur du danger.

Cette lettre de Pierre nous rejoint aujourd’hui. Son message s’adresse aussi à chacun de nous dans la situation qui est la nôtre. Nous vivons dans un monde où beaucoup ont oublié l’espérance chrétienne. Dans bien des pays, ceux qui veulent rester fidèles à leur foi en Jésus Christ sont persécutés et mis à mort. Le plus souvent, ils sont ridiculisés. Les fêtes chrétiennes sont devenues des week-ends dont on a oublié l’origine. Mais rien ne peut arrêter la progression de la Parole de Dieu.

En écoutant donc ce message de Pierre, comment ne pas penser aux nombreux chrétiens d’aujourd’hui qui sont également persécutés à cause de l’Évangile ? C’est dans ce monde tel qu’il est que nous avons à témoigner de notre foi, de notre attachement au Christ. Le monde d’aujourd’hui a également besoin de témoins solides et convaincus qui ne craignent pas de rendre compte de leur attachement au Christ et de leur espérance en la résurrection.

Dans l’Évangile de ce jour, Jésus prépare ses disciples à son départ. En est au soir du dernier repas pascal. L’ambiance de la fête est sans  doute quelque peu troublée par cette déclaration inattendue du Seigneur. Il leur déclare, chose surprenante, qu’il va quitter cette terre pour rejoindre son Père, sans toutefois les laisser orphelins.  Jésus laisse à ses disciples et à nous aujourd’hui cette simple recommandation à savoir: « si vous m’aimez, vous restez fideles à mes commandements ». Le verbe aimer prend alors un sens bien précis ici. Il est souligné 5 fois ici. Comme pour nous dire que, ce sont les gestes d’amour et de partage qui font la valeur d’une vie.

 L’apparente contradiction  sur le départ de Jésus se comprend mieux lorsque lui-même leur parle de l’Esprit de vérité qui le remplacera et deviendra leur « Défenseur ». Mais quel est ce « Défenseur » dont parle Jésus, quel est cet Esprit de vérité?  C’est cette  troisième personne de la Trinité, cet Être assez abstrait, qu’on ne voit pas, mais qui est là pour rassurer.

 En parlant ainsi, Jésus entendait à la fois réconforter ses disciples et les préparer à la mission qu’il souhait leur confier: il voulait qu’ils comprennent que, sans lui, ils auraient les mains entièrement libres pour aller à travers le monde porter la Bonne Parole, annoncer le règne du Père et convertir les nations. Comme un enfant qui perd son père et se trouve alors habité par l’esprit de celui ci, Jésus voulaient que les disciples soient habités de l’Esprit de vérité et qu’ils ne se sentent pas orphelins.

Il en est de même pour les disciples, cet Esprit de vérité, est en nous et avec nous. Il nous habite comme l’Esprit du père habite n’importe quel enfant. Nous y puisons la force de notre foi, il est ce lien qui nous rattache à Dieu par delà le temps. Il fait de nous ses enfants aimants qui ne se sentent plus orphelins, mais dotés de cette Grâce qui transcende toute chose. Ce même l’Esprit Saint intervient pour nous conseiller, nous encourager, nous consoler et nous soutenir dans les moments difficiles de notre vie, tels ceux que nous vivons actuellement avec la pandémie.  Soyons convaincu que l’Esprit Saint est notre compagnon de route.

Frères et sœurs,  nous sommes à quelques jours de la Pentecôte. Les apôtres s’y sont préparés avec Marie, la mère de Jésus. Nous devons nous aussi, nous préparer spirituellement et moralement a ce grand événement. Préparons nous à accueillir l’Esprit Saint et à répondre à l’amour du Christ qui s’est donné pour le salut du monde. Prions-le pour qu’il nous transforme au plus profond de nous-mêmes pour nous aider à vivre et à aimer comme lui et avec lui.

Amen

Abbé Jean-Bruno MAOUANGO, vicaire