« Quel climat vocationnel créons-nous ? », homélie du dimanche du Bon Pasteur

« Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Éternel est son amour ! » (cf. Ps 117, 1). Oui, chers frères et sœurs, il nous est bon de rendre grâce au Seigneur en ce 4ème Dimanche de Pâques. Parce que c’est notre fête paroissiale : nous célébrons Jésus, le Bon Pasteur. De rendre grâce parce que le Bon Pasteur va donner le sacrement du baptême à sept enfants du catéchisme, les faisant ainsi entrer dans sa Vie éternelle et devenir nos petits frères et sœurs dans l’Église. De rendre grâce pour cette journée consacrée à la prière pour les Vocations afin d’être attentifs spécialement aux jeunes : « leurs questions méritent des réponses » comme nous le suggère le thème de cette année.

 

Dans l’Évangile, nombreuses sont les images que Jésus prend pour dire quelque chose de lui : la porte, le Fils de l’homme, la vigne,… Aujourd’hui, le pasteur ou le berger. Avec une précision : il n’est pas simplement un pasteur ou un berger quelconque, mais le Bon Pasteur et le Vrai Berger. Eh oui ! Face à tous les charlatans de notre monde qui s’érigent en maîtres ou en chefs pour nous conduire vers le le malheur ou le néant, nous avons besoin d’entendre et de réentendre le Seigneur Jésus dire que nous n’avons qu’un seul Pasteur, c’est Lui. Saint Pierre le dit bien dans la première lecture : « En nul autre que Jésus, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver » (cf. Ac 4, 12). Le Christ, Bon Pasteur, Vrai Berger, veut nous conduire vers le bonheur du Ciel, à la rencontre de Dieu notre Père.

 

Cela commence par le baptême, comme pour ces enfants du catéchisme qui le reçoivent aujourd’hui. Car il s’agit bien d’un commencement, d’une nouvelle vie, d’un nouveau chemin. Et comme tous les chemins, le chemin de la vie chrétienne a un but : la joie de contempler le Père qui nous a créés, qui nous a donné cette vie, qui nous a donné de connaître la vie familiale, la fraternité, l’amitié, l’amour, et de vivre en chrétiens. Le baptême est un commencement. Nous en faisons mémoire, chaque année, chers frères et sœurs baptisés, en recevant l’eau de Pâques ; nous en faisons mémoire chaque dimanche en redisant ensemble la foi de l’Église en Dieu Père, Fils, Saint-Esprit. Le baptême est aussi un engagement à suivre le Christ, Bon Pasteur. Nous savons qu’il est le vrai Berger et que lui seul peut nous conduire. Pourquoi écoutons-nous si souvent les bergers mercenaires qui nous détournent du bon chemin ? Ces mauvais pasteurs qui nous font mettre le Seigneur Dieu de côté pour faire passer en premier nos besoins, nos envies, nos loisirs, nos états d’âme ; et, du coup, délaisser l’essentiel ? Pourquoi faire de notre baptême un simple rite religieux ou culturel, alors qu’il est l’engagement à vivre selon les enseignements du Christ ; l’engagement à témoigner par notre vie que le Christ est mort et ressuscité pour tous ?

 

Cela rejoint cette journée mondiale de prière annuelle pour les vocations, frères et sœurs. Vocation vient du verbe latin vocare qui signifie appeler. Jésus le Christ ne cesse jamais d’appeler des jeunes et des moins jeunes à devenir ses disciples, ses amis, ses frères pour connaître la joie de Dieu. C’est l’appel à la vie éternelle. Tout homme, toute femme, tout enfant sur la terre a la vocation, est appelé à vivre avec Dieu parce que c’est la seule raison de notre existence. J’aime à reprendre ces paroles de saint Augustin que l’on chante aussi quelquefois : « Tu nous as fait pour Toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en Toi » (cf. Confessions I). Une fois baptisés, le Seigneur nous appelle à témoigner de Lui, c’est-à-dire à maintenir en éveil la grâce que nous avons reçue à notre baptême et que l’Esprit Saint fait grandir en nous petit à petit. Et puis, le Bon Pasteur appelle chacun à témoigner de lui d’une manière particulière. Certains ont la vocation au mariage. Car, rappelons-le : le mariage n’est pas qu’une simple cérémonie, une formalité administrative et sociale, une pratique ancestrale, une tradition familiale. Pour le chrétien, le sacrement du mariage est une véritable vocation, un appel du Christ à ce que les époux, en se donnant totalement l’un à l’autre, se témoignent l’un à l’autre du don total que le Christ a fait de sa vie par amour pour nous.

 

Et puis, le Seigneur appelle certaines personnes à une autre vocation plus spécifique : prêtre, diacre, religieux, religieuse, moine, moniale, consacré(e), etc. On entend souvent dire : « Il n’y a plus de vocation ». Ce n’est pas vrai. Cela reviendrait à dire que le Christ n’appelle plus. Or, il appelle. Et si Jésus a moins de réponse aujourd’hui en France, dans les Alpes-Maritimes, à Nice, nous ne pouvons que nous en prendre à nous-mêmes, frères et sœurs. Quel climat vocationnel créons-nous ? D’abord dans nos familles, ensuite dans notre paroisse ? Est-ce que nous évoquons les diverses vocations ? On veut que nos enfants fassent des études, très bien. On veut qu’ils réussissent leur vie, très bien. On parle avec eux de toutes les métiers de la terre, très bien. Est-ce qu’on parle, ne serait-ce qu’une seule fois avec eux, de la question d’une vocation spécifique ? « Tes questions méritent une réponse » dit le thème de cette année. Mais pour que nos enfants et nos jeunes se posent des questions, il faut encore leur donner la possibilité de s’en poser. Est-ce que tu as déjà pensé à être prêtre ? à être moine ? à être religieuse ? Non pas pour les enfermer immédiatement dans un séminaire, dans un couvent ou un monastère, mais pour leur montrer que ça existe ; et, comme n’importe quelle vocation, c’est une chose belle. Les questions des jeunes méritent des réponses justes et ouvertes, pas des réponses blessantes, ironiques, égoïstes. Peut-être que le Bon Pasteur t’appelle ? Tu peux répondre non. Tu peux répondre oui. Bref, montrer que être prêtre ou religieuse, c’est une belle vocation qui peut rendre heureux d’une autre manière que le mariage.

 

Chers frères et sœurs, le Christ Jésus n’est pas muet, loin de là. Il continue d’appeler les brebis sans berger ou celles qui suivent des mercenaires à le suivre, Lui, le Bon Pasteur. En ce jour de fête paroissiale, prenons conscience de notre vocation à être de vrais disciples de Jésus. Pas des consommateurs de religion, mais des acteurs joyeux et motivés de l’Église dont notre monde a besoin pour regarder les chrétiens avec respect et désir. Sept enfants de notre famille chrétienne reçoivent aujourd’hui le baptême : soyons pour eux des exemples de vie qui ne ressemblent pas à ce qu’ils voient dans la rue, sur internet ou dans la téléréalité. Soyons des parents et des éducateurs qui marchent avec confiance et fierté à la suite du Christ, le vrai Berger. Oui, que cette fête du Bon Pasteur donne à tous et à chacun le zèle nécessaire pour répondre à notre vocation au bonheur. Amen.

M. l’abbé Jean-Paul FILIPPI, curé.